Histoire de l’Abbaye des Echarpes bleues
Villeneuve, le 2 mai 2001
Origine et date de fondation de notre Noble Abbaye
Dans la notice historique de 1937 écrite par notre confrère André Bertholet d’Ernest, il est dit, je cite :
« En l’absence de tout document antérieur à l’année 1813, il est malheureusement impossible de connaître exactement la date de sa fondation. Le premier procès-verbal que l’on possède est celui de l’Assemblée Générale du 3 juillet 1813. C’est seulement dès cette date que les comptes-rendus des Assemblées Générale et des Séances de Conseil de l’Abbaye, écrits à la main, dans des registres spéciaux, ont étés conservés. Le plus ancien des registres porte le numéro 2. Des recherches ont été faites à de nombreuses reprises pour retrouver le registre numéro 1. Malheureusement elles sont restées vaines. L’Abbaye possède encore aujourd’hui, par contre, une coupe en argent portant les armes de « De Wattville » ( Erreur ! il s’agit des armes des « De Tavel » ) avec l’inscription suivante :
« Noble André de Tavel 1702 »
Sans vouloir nullement imposer une date officielle pour la fondation de l’abbaye du Cordon Bleu, mais d’après quelques renseignements que j’ai pu trouver, l’année 1702 pourrait très certainement êtres celle qui lui à donné naissance. Cette date peut être encore confirmée par le procès-verbal de la séance du Conseil du 15 février 1815 qui parle de la rentrée d’une obligation datant du 1er aoust 1744. »
Donc, depuis 1937, notre Abbé-Président d’Honneur André Bertholet, ancien archiviste de la Commune de Villeneuve et historien à ses loisirs, n’était pas tranquille et cherchait à en avoir le « cœur net ». En 1994, le registre N° 1 n’est toujours pas retrouvé ! André Bertholet prend donc contact avec Monsieur Nicolas Barras, archiviste de l’Etat de Berne. Après un voyage à Berne et des recherches, il revient à Villeneuve avec certains documents laissant à croire qu’une « Société de tireurs » a été fondée à Villeneuve, en 1702, par le Seigneur de Sâles et Baron du Châtelard Etienne de Tavel et plusieurs autres personnalités de Villeneuve.
Un peu plus tard, en 1997, l’Abbé-Président d’Honneur Roger Puenzieux reprend le flambeau et se rend, lui aussi, aux Archives de Berne pour rechercher la preuve formelle de la fondation de cette « Société de Tireurs » à Villeneuve, en 1702.
Selon ces recherches il s’avère que :
- En 1702, il s’agissait d’une « Société des Tireurs de Villeneuve ».
- En 1763, le règlement retrouvé aux archives de l’Etat de Berne par Roger Puenzieux porte la dénomination de « Société des Rubans Bleus de Villeneuve ».
- En 1813, le registre N° 2 porte le titre suivant : « Société Militaire des Echarpes Bleues de Villeneuve ».
- En 1827 cela se transforme en « Société Militaire du Cordon Bleu de Villeneuve ».
- En 1853, on peut lire « Société du Cordon Bleu de Villeneuve ».
- En 1952, la bannière porte l’inscription : « Noble Abbaye du Cordon Bleu de Villeneuve ».
Et enfin, l’Assemblée Générale du 24 mars 1975 décide, sur proposition de l’Abbé-Président de l’époque, Roger Puenzieux, de remonter aux origines de notre Abbaye et de porter à nouveau une écharpe bleue et une cocarde à la boutonnière, en devenant la :
« Noble Abbaye des Echarpes Bleues de Villeneuve »
A l’appui de plusieurs documents, photographiés aux archives de l’Etat de Berne, qui prouvent que la naissance de notre Abbaye date de 1702, l’Assemblée Générale du 16 avril 1998, sur préavis du Conseil, prend à l’unanimité les décisions suivantes :
- La date de fondation de la Noble Abbaye des Echarpes Bleues de Villeneuve est 1702, selon preuves des archives de l’Etat de Berne.
- De modifier nos statuts dans ce sens.
- De faire ratifier cette date de fondation par le Conseil de la Fédération des Abbayes Vaudoises.
(Ratification obtenue par lettre du 21 avril 1998.)
Reproduction d’une partie de la « supplique » adressée par les fondateurs à « Leurs Excellences de Berne ».
Jusqu’en 1823, l’Abbaye des Echarpes bleues a été gérée par un conseil de douze membres, conseil qui établissait chaque année un recteur; celui-ci percevait les intérêts de la société et établissait un procès-verbal pour rendre compte de son activité, même lorsque, certaines années, il n’y eut pas de tirage. Dès 1823, c’est un conseil de neuf membres qui régit la société. L’abbé-président était nommé pour une durée de huit ans, de même que le secrétaire, lequel n’avait pas voix délibérative au conseil. Une première série de quatre conseillers était renouvelée à l’expiration de la quatrième année, les quatre autres et le président l’étant au bout de huit ans en même temps qu’un nouveau secrétaire était nommé, par l’assemblée générale des membres de la société.
Le recteur était nommé chaque année par ordre d’ancienneté, et s’il se récusait pour une raison ou une autre, il pouvait se libérer de cette charge en payant 60 batz. Cette coutume de rachat était aussi en vigueur dans plusieurs autres abbayes, dont celle des Mousquetaires de la Noble Bourgeoisie d’Aigle. Comme abbé-président et conseillers étaient rétribués à la séance, le recteur touchait aussi un certain pourcentage des recettes de la société, mais il devait payer la « cibe » de ses propres deniers et procéder à toutes les installations du tirage; cependant la dite cible restait sa propriété.
Au cours des divers règlements, on s’aperçoit qu’il y avait des tirages avec et sans parade. Cette dernière revêtait toujours une certaine solennité. Etant prévue le matin, ceux qui n ‘y prenaient pas part étaient exclus des tirs. Le nom de l’abbaye, dite ..des Echarpes bleues » lui venait de ce que chaque membre devait se présenter à la parade avec une écharpe et une cocarde bleues, excepté pour les membres en service militaire, qui venaient en uniforme avec leur propre arme d’ordonnance, à l’occasion du tirage annuel qui se faisait statutairement en avril.
A partir de 1857, les ordonnances très strictes touchant la parade sont plus ou moins adoucies et c’est ainsi que les absents peuvent se racheter en payant une sorte d’amende .L’écharpe bleue reste en vigueur pour l’abbé-président, les autres membres du conseil portant un brassard bleu avec une cocarde au milieu. Quant aux membres, ils doivent être vêtus décemment, porter un chapeau et, comme signe distinctif, un cordon bleu en sautoir. Actuellement, la noble abbaye compte 119 confrères.
Toutes ces dispositions complémentaires au règlement de 1823 sont admises par le Conseil d’Etat, le 8 janvier 1858, avec la mention que « la société sera sous la surveillance de Monsieur le Préfet, qui sera prévenu de ses assemblées, conformément à la Loi ». Si des dispositions différentes, concernant la parade et le tirage se sont fait jour au cours des années suivantes, dès 1935, il semble qu’on soit revenu aux anciennes traditions, mises en vigueur dès 1823.
Ordre de la parade de 1823
Cinq musiciens et deux tambours, Monsieur l’Abbé seul, portant l’épée et l’écharpe en ceinture . Les Conseillers portent l’écharpe sur l’épaule droite et la canne à la main, suivent deux par deux. A noter que les officiers, selon l’article 6 du Règlement, soit un capitaine, un lieutenant et un enseigne, qui auront les soins et le pouvoir de former et commander la parade et tout ce qui a rapport au tirage , porteront l’écharpe sur l’épaule gauche. Les sociétaires, qui sont inscrits dans les milices, devront se présenter à la parade, en uniforme complet et de leur corps, avec leur arme respective.
Cette obligation dura jusqu’en 1874, date de la nouvelle loi sur l’organisation militaire de la Confédération, qui interdit le port de l’uniforme.
Etats nominatifs des confrères en 1764
Bertholet Antoine (1764)
Morier Isaac (1764)
Grosjean Jean (1764)
Bontems François Louis (1764)
Pilet Abram (1764)
Rivaz Jean Jacques (1764)
Pilet Pierre (1764)
Nicolet Rodolphe (1764)
Dulon Jean (1764)
Ansermoz Jean Jacques (1771)
Bontems Vincent (1773)
Burnet Abram (1773)
Pilet François (1775)
Joly Charles Emmanuel (1775)
Henriquet Alexandre (1776)
Bertholet David (1777)
Bertholet Jean Antoine Emmanuel (1778)
Pilet Jean Jacques (1779)
Bontems Isaac (1780)
Puenzieux Pierre (1780)
Etats nominatifs des abbés depuis 1816
PILET | Abram | de ? à 1816 † | |
PILET | Jacques | Capitaine | de 1816 à 1830 † |
PILET | Charles | de 1830 à 1836 † | |
CHAUSSON | David | Colonel | de 1836 à 1854 † |
ROSSET | Henri | de 1854 à 1860 † | |
CHAUSSON | Emile | de 1860 à 1865 † | |
JOLY | David | de 1865 à 1879 † | |
DELAY | François | de 1879 à 1896 † | |
GLAPPEY | Jules | de 1896 à 1907 † | |
PILET | Henri | de 1907 à 1914 † | |
PUENZIEUX | Auguste | de 1914 à 1921 † | |
RUCHET | Louis | de 1921 à 1923 † | |
PILET | Gustave | de 1923 à 1929 † | |
LAVANCHY | Louis | de 1929 à 1937 † | |
MASSON | Gustave | de 1937 à 1946 † | |
PUENZIEUX | Edouard | de 1946 à 1954 † | |
BERTHOLET | André | Capitaine | de 1954 à 1974 † |
PUENZIEUX | Roger | Major | de 1974 à 1994 † |
GLAPPEY | André | de 1994 à 2008 | |
ROBERT | Cédric | Premier-Lieutenant | depuis 2008 |